Noble Puissance, je voudrais te demander l'impossible, pourtant réalisable à l'infini. C'est que je demande l'infini, et qu'en ce monde, le seul moyen de toucher ce désir est de demander l'amour.
Pourtant, en ce jour, je ne demande pas ce que je pourrais avoir, mais ce que je pourrais donner. Tu le sais, toi, que le bienfait donné est reçu en retour à l'infini, et tu souris sans doute de ma fausse modestie, car en voulant donner, je me permets surtout de recevoir. Permets-moi cependant d'insister sur certains sujets qui me tiennent à coeur. Je voudrais, ô Puissance, que les dons que je peux accorder, que l'amour que je puis donner, le soient toujours dans toute la noblesse et la pureté du geste, sans jamais tolérer que je sois influé par des considérations indignes de ce que je voudrais exprimer. Je ne pense pas avoir failli en cette quête, et peut-être que si je te le demande, c'est que je l'ai déjà réalisé en moi. L'abîme est pourtant grand, qui sépare ce que nous comprenons et ce que nous vivons de la possibilité de l'exprimer. Mon sentiment s'envole, bercé par la volonté du coeur, et souvent, la matérialité me rattrape et me désole. Le corps aspire à la jouissance physique du ressenti, quand l'âme aspire à la jouissance intérieure du partage. Je sais pourtant que ni l'un, ni l'autre, n'ont complètement tort ou raison. La faute ne peut résider que dans le manque d'union entre les deux. Le blâme n'est pas tant d'être trop éthéré et trop peu matériel, que d'être trop concret et trop peu aérien. Là n'est-il pas cependant la vérité du sentiment ? L'amour se doit d'être complet, et s'il a essentiellement besoin de lumière, il ne peut également se passer de matière.
Je parle, et je ne sais plus où j'en suis. Le sais-tu, toi ? Ah ! Tu ris. C'est que l'amour ne sait jamais où il en est, puisqu'il est en tout.
Je crois que ce n'est pas tant l'intérêt d'être exaucé qui motive l'inspiration d'un voeu, c'est surtout la conviction que l'on est prêt à le trouver. Veux-tu me dire que c'est moi qui découvre et réalise toutes les espérances de mon coeur, et que tu n'es là que pour éclairer le chemin ? Ah ! Je comprends mieux à présent. En définitive, tu as exaucé mon voeu par le simple fait que tu m'as permis de te l'exprimer. C'est assez amusant. En te remerciant je me remercie moi-même, dis-tu ? C'est étonnant de considérer à quel point nous avons tout en nous-même, et qu'il nous suffit de dévoiler ce que le coeur sait de tout éternité.
Je te remercie tout de même d'avoir répondu si favorablement et si promptement à ma demande. C'est assez merveilleux. Le problème... c'est qu'en réalisant et en comprenant tout ce que j'ai su exprimer, je me rends maintenant compte que... j'ai encore tout à dire. Quelle est cette impression déstabilisante de ne plus savoir où l'on en est, quand on vient de dire qu'on le sait ?
Il faut vivre ses espérances, certes. C'est d'accord. Il faut se rappeler aussi que nous ne savons rien du tout et que l'expérience est la réponse indicible de toutes les interrogations. On ne peut exprimer ni entendre ces souhaits : il faut les vivre avec ce qui échappe complètement aux mots et à la pensée.
Oui. Le coeur est le souverain de l'indicible...
Soyons heureux ! Tout est trouvé. Et par tous ces mots, je sais maintenant que je n'ai voulu exposer que l'inexprimable, sur le chemin éternel de ce qui doit être vécu.
Puisse la main de l'infini se poser sur tous les coeurs de lumière...
membre anonyme n°4