Contes, légendes et mythes
La légendeDu latin legenda, choses qui doivent êtres lues - est un récit à caractère merveilleux où des faits historiques sont transformés par l’imagination populaire ou par l’invention poétique.
Elle peut être crée de toute pièce par un esprit mystique ou poétique en communion avec les masses populaires : mais elle est le plus souvent l’éclosion même de l’imagination inconsciente de ces masses. Dans l’un comme dans l’autre cas, elle n’a pas cessé d’être en pleine formation parmi nous.
La forme de la légende est simple et son objet d’évocation essentiel est le miracle. A l’origine, la légende racontait la vie des Saints et qui étaient lues dans les couvents. De nos jours, il s’agit plutôt de récits merveilleux d’un événement passé fondé sur une tradition plus ou moins authentique. La légende est plus soucieuse du détail que le conte.
Le conteLe conte existe depuis sûrement aussi longtemps que la pensée imaginaire de l’homme. Ainsi, bien avant que l’Homo sapiens ne sache lire et écrire, le conte se transmettait-il par la parole. Ses origines se rattachent donc d’abord à l’orature avant qu’on ne le retrouve dans la littérature, écrit dans des livres de contes pour enfants. De ce fait, je ne considère donc pas nécessaire de vous relater, en exemple, un quelconque récit de conte que vous avez déjà lu et entendu tant de fois comme celui de Cendrillon ou de Blanche-Neige.
Nous savons tous bien ce que c’est qu’un conte, alors que peut-on dire de plus que : « c'est une histoire qui commence par, il était une fois, et qui se termine par, ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants »? Eh bien une multitude de choses. Tout d’abord, nous pouvons comparer ce genre de récit merveilleux à la légende qui, comme lui, fut en premier lieu un récit oral avant d’être écrit. Contrairement à la légende, le conte échappe à toute temporalité et à toute localisation. C’est-à-dire que nous ne pouvons pas situer un conte dans une époque ni à une date précise et que nous ne pouvons pas non plus dire où l’histoire s’est déroulée et à quel endroit spécifiquement.
De plus, par opposition à la légende qui est un récit de croyance, le conte, lui, n’a comme seul but que le divertissement. Il répond à un besoin d’évasion et de détente. Nous savons bien que l’histoire qui nous est contée est fausse, que les personnages sortent de l’imaginaire de l’auteur et que les événements décrits n’ont jamais existés. Le conte est en quelque sorte une menterie autorisée. Nous aimons à nous laisser bercer par la beauté de l’irréel et la quiétude d’un univers qui n’existe pas. Comme celui-ci est avant tout destiné à nous plaire, on y retrouve une forte préoccupation esthétique.
C’est pourquoi les auteurs de conte usent de l’art de la beauté dans leurs histoires. Par conséquent, nous retrouvons des personnages ou plutôt des types de caractères physiquement parfaits ; des princesses d’une beauté toujours exceptionnelle et des princes beaux comme des dieux. On dit de ces personnages qu’ils sont plutôt des caractères, car ils n’ont aucune profondeur psychologique, les demoiselles sont gentilles et douces et les messieurs sont braves et n’ont peur de rien. Dans le conte, on n’a pas besoin d’approfondir la psychologie des personnages, car son intérêt est centré sur l’action avant tout et sur le merveilleux. Ainsi, il y a les bons qui gagnent et les méchants qui perdent toujours.
Le conteur nous transporte dans un univers féerique où les monstres et les lutins se côtoient dans des pays merveilleux. Le merveilleux dont il est ici question est aussi appelé surnaturel conventionnel. Dans ces mondes enchantés, nous retrouvons différents types de surnaturel conventionnel : le surnaturel hyperbolique, exotique, instrumental et scientifique. Jusqu’à présent, nous avons eu comme portrait les contes traditionnels, ceux qui hantaient notre enfance le soir avant d’aller dormir, mais il en existe quelques autres. Il y a le conte d’origine populaire (même que traditionnel sauf écrit) où nous avons droit à plusieurs sortes de surnaturel. Tout d’abord, celui que nous retrouvons le plus fréquemment est le surnaturel instrumental qui se rattache aux objets magiques, comme la baquette magique d’une fée ou une flûte enchantée. En second lieu, nous avons le surnaturel hyperbolique, caractérisé par les exagérations verbales du conteur : « Le dragon était gros comme la montagne ». Cela nous rappelle les histoires de pêche de notre oncle qui avait pris une truite de 10 pouces et qui, après avoir raconté son histoire de pêche une vingtaine de fois, était rendu à une truite de 20 pouces.
Le conte fantastique pour sa part est souvent en relation avec un événement qui déroge du monde habituel dans lequel nous vivons, notamment des chaises qui flottent dans les airs. On peut aussi le rapprocher du surnaturel exotique qui est aussi une déformation du réel. Les créatures, comme le monstre du Lochness ou le « Big Foot » font partie de cette catégorie. Pour ce qui est du surnaturel scientifique, il est surtout présent dans les contes à anticipation futuriste. On y retrouve alors des actions ou des événements, comme la téléportation, qui pourraient être envisageables dans les années futures.
Il existe aussi dans la littérature un conte quelque peu à part des autres. Bien qu’il comporte toutes les qualités d’un conte populaire, des éléments s’y rajoutent. Le conte philosophique ayant comme instigateur Voltaire a fait son apparition au XVIe siècle. Candide particulièrement, en plus d’être un conte, a été utilisé par son auteur comme arme de critique envers l’optimisme démesuré, d’où cette phrase célèbre : « Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes », une tirade qui se veut avant tout ironique. Ce type de conte se distingue donc de ses confrères, car il sert aussi d’instrument à l’expression philosophique de celui qui l’écrit.
En définitive, le conte se veut un récit à préoccupation esthétique où l’auditeur peut se laisser emporter paisiblement dans un univers surnaturel, car il est dégagé de tout lien référentiel au réel ; tout ne tient qu’à l’imaginaire.
Le mytheAu sens étymologique, mythe veut dire parole. Il est un récit fondateur dont ceux qui le rapportent avouent en être les dépositaires et pas les auteurs.
C’est un récit anonyme et collectif qui remplit une fonction socio-religieuse. Il sert le plus souvent d’élément de cohésion entre les individus d’un groupe. Le mythe met en scène des personnages le plus souvent surhumains qui ont des pouvoirs surnaturels mais aussi des comportements et des sentiments humains. Le mythe est une parole, une fable qui se réfère à des événements anciens chargés de sens : dans les sociétés primitives, il sert d’explication du monde, comment les choses ont commencé et pourquoi les hommes en sont là aujourd’hui. Il est tenu pour absolument vrai et récité dans des circonstances bien précises ce qui le distingue de la fable, du conte et toutes les histoires inventées. Dans sa composition, il est le plus souvent très court et d’un agencement parfait.
Chaque détail est chargé d’une signification intense. Les sociétés industrielles l’ont relégué dans le domaine de la poésie et de l’imaginaire. Les mythes restent cependant l’expression d’une culture, ils expriment les aspirations profondes de l’inconscient humain et mettent en scène des situations éternelles. La pensée scientifique n’a pas réussi à les faire disparaître. Bien plus, dans toutes les productions littéraires se décèlent des soubassements d’images permanentes, une armature d’archétype qui manifeste sa lointaine parenté avec le mythe.