Dame Verte

J'ai revêtu cape de brume
Je me suis parée comme en ont coutume
Les mystérieures filles des Bois
Je porte lianes vertes,
Feuillages en diadème sur ma tête,
Anneaux de lune autour des doigts.
Je suis de celles
Que la lune nouvelle
Transforme en vouivre ou bien en faye
En Mélusine, en blanche biche,
Les offrant à l'épieu du chasseur
À la recherche d'une âme soeur...
Où que je sois, d'où que je vienne,
Sorcière ou bien magicienne,
Dans les cités des hommes moindres
Ou les castels des seigneurs
Près du foyer de ma demeure,
Par les halliers, sur les sentiers,
Dans les brillantes assemblées,
Où que l'on veuille me rejoindre,
La verdure m'entoure
Me pare de ses atours.
Aux yeux de qui sait voir encore
La Sylve émane de tout mon corps.
Où que je sois, où que je règne,
Aussi loin que je me souvienne
Il semble que j'exhale le parfum des Bois
La forêt m'environne,
On m'entoure, on s'étonne,
la quêt au bout de mes doigts.
En volutes, en spirales, en images
Elle transparaît de mes yeux
Émane de tout mon être
Comme une bouffée de Sauvage.
On me traite de créature
On m'identifie à la Nature
On vient rôder dans mon sillage,
Boire une goulée de ce breuvage.
Certains réclament des histoires
Pour réveiller la mémoire,
Certains veulent me brûler,
D'autres me couronner
Selon qu'ils me jugent maudite
Ou me perçoivent bénie,
Fille de sorcellerie
Ou bien soeur d'Harmonie,
Sorcière ou magicienne
Vaurienne ou souveraine
Marquée de l'irréfragable sceau
De la Forêt profonde et du Vent Sauvage.
C'est la marque de l'intégralité,
Le bain de jouvence et de vérité,
Que tout homme quête ou fuit,
Selon qu'il ait consommé la rupture
Ou enfourché sa vraie nature...»