Lyon, la colline aux corbeaux
Momoros et Atepomaros, deux princes gaulois, chevauchent en tête d’un curieux cortège. Une foule innombrable et bruyante , composée surtout de jeunes gens, les suit. Des chariots, tirés par des boeufs, portent les vivres et les bagages. Ils se sont mis en route à l’équinoxe de printemps et, depuis, ils n’ont cessé de cheminer, guidés par les druides et les devins.
La troupe arrive en vue du confluent de la Saône et du Rhône. L’endroit paraît accueillant, les vallées larges et fertiles. Momoros et Atepomaros décident de faire une halte pour mieux examiner les lieux. Cela permettra en outre de prendre un peu de repos, car la fatigue se lit sur tous les visages.
Un campement est vite installé et, après un frugal repas, les Gaulois sombrent dans un profond sommeil.
Seuls les druides et les devins veillent et consultent les dieux… Au matin, ils vont communiquer aux chefs de l’expédition leurs conclusions : la colline qui, à l’ouest, surplombe le confluent, leur semble l’endroit idéal pour l’implantation d’une ville. Le site, facile à défendre, permet de surveiller les vallées sans trop avoir à souffrir de l’humidité émanant des cours d’eau…
Comme le veut la coutume, Momoros a saisi les bras d’un araire. Il s’apprête à délimiter le territoire sacré de la future cité.
Quand il sera fatigué, Atepomaros le relaiera. Le bois renforcé de fer mord le sol. La terre se déchire. Le moment est solennel. Les druides guettent les moindres signes divins… Alors, surgissant de derrière la colline, apparaît un vol compact de corbeaux. On en compte des milliers qui tournoient en croassant au-dessus des Gaulois…
Les deux princes n’arrêtent pas le travail pour autant.
Le noir essaim vole de plus en plus bas et, soudain, obéissant à un ordre mystérieux, il se pose dans l’enceinte à peine terminée. Voyant là une manifestation surnaturelle, Momoros et Atepomaros décident de nommer leur ville Lugdunum, ” la colline aux corbeaux”.
C’est aujourd’hui la ville de Lyon.