Aujourd'hui voici l'histoire du Pont du Diable.....
Emplacement stratégique situé sur une pointe rocheuse, Eze fut de tout temps un enjeu de taille pour ceux qui souhaitaient dominer la région à commencer par les sarrasins. Cette seigneurie fut le fief des Riquiers, farouches opposants à la domination provençale.
Lorsque les Comtes de Provence imposèrent leur pouvoir sur la viguerie de Nice, les Riquiers furent bannis pour trahison (rappelons qu’ils firent appel aux génois pour défendre Nice). Dans ce contexte, Eze fut confisquée au profit du trône de Provence qui en fit une de ses possessions.
La forteresse du village fut détruite la même année que le château de Nice. Il en reste de nos jours quelques vestiges.
Au sommet d’une falaise, entouré par un relief accidenté, Eze est aujourd’hui accessible par un pont que la population a, semble-t-il, longtemps souhaité.
En effet, selon la légende, les paysans, qui se rendaient chaque dimanche à l’église du village pour assister à la messe, se plaignaient d’avoir à traverser le vallon. Pour échapper à ce « montà-calà » épuisant, un paysan émit un jour le souhait de voir le vallon enjambé par un pont. Le diable, estivant fidèle à notre pays, entendit ces paroles. Il proposa alors au paysan de construire un pont dans la nuit afin qu’il puisse dès le lendemain se rendre à la messe sans se fatiguer. Mais il y avait un prix à payer pour ce service diabolique : le roi des ténèbres s’emparerait de l’âme du premier être vivant qui traverserait le pont. Le paysan futé accepta le marché.
Dans la nuit, un déluge s’abattit sur le village. Une nuée de lucioles remonta la falaise inondant le pied du village d’une marée lumineuse. En fait, il s’agissait là de diablotins, ouvriers du Diable, qui se mirent au travail.
Au petit matin, le pont était fini. Le Diable s’installa tranquillement au milieu du passage pour y attendre son salaire. C’est alors que le paysan arriva accompagné par d’autres habitants des environs se rendant à la messe.
Le diable tout heureux s’adressa au paysan en lui demandant s’il souhaitait s’avancer le premier et venir le servir dans le royaume des ténèbres. Le paysan lui répondit qu’il comptait bien lui offrir une autre âme que la sienne ou celle d’un des fidèles chrétiens qui l’accompagnaient. C’est alors qu’il sortit un fromage. Il le fit sentir à son chien avant de le jeter à travers le pont. Aussitôt le chien se précipita à la poursuite de l’appât, empruntant le pont le premier. Fou de rage, le Diable s’empara du chien puis déclencha une tornade d’une rare violence avant de disparaître dans les profondeurs. Les habitants s’estimant vainqueurs s’avancèrent pour traverser le pont. Mais un énorme trou arrêta très vite leur progression.
Au cours des mois qui suivirent, de nombreux moyens furent mis en œuvre pour réparer le pont. Mais rien ne pus venir à bout de ce dégât diabolique. Quiconque « tentait le Diable » en essayant de traverser, chutait inévitablement jusque dans les entrailles de la terre.
Les villageois décidèrent alors de détruire ce pont maudit. Il fallut aux hommes autant d’années pour le démonter qu’il fallut d’heure au diable pour le construire.
Pactiser avec le Diable a toujours été un exercice guère profitable pour les hommes et les femmes d’ici-bas.
Contes et légendes du pays Niçois.