Liline Elbereth
Nombre de messages : 2499 Age : 44 Date d'inscription : 19/03/2007
| Sujet: Elaine d'Astolat, Lady of Shalott Jeu 24 Juil - 8:43 | |
| J'ai lu pour la première fois le nom d'Elaine d'Astolat sous forme d'un court récit dans la partie de Lancelot ou l'Age d'or de la table ronde de l'ouvrage de Claudine Glot et Marc Nagels intitulé « La Légende Arthurienne » Et ce récit m'a donné envie d'en savoir plus sur cette triste légende.... Lady of Shalott The Lady of Shalott ou La Dame de Shalott, Elaine d'Astolat, sont les noms associés au même personnage rencontré dans les légendes arthuriennes et dans l'oeuvre du poète anglais Alfred Tennyson(1809-1892). Le personnage d'Elaine apparaît pour la première fois dans Le Morte d'Arthur de Thomas Malory, au XVème siècle, et sera repris par Tennyson dans Lancelot et Elaine. Le poète s'en inspirera pour créer le personnage de The Lady of Shalott qui connut un succès important. Permettez moi de vous résumer cette légende issue du personnage d'Elaine d'Astolat : Sur l'Île de Shalott, une Dame, enfermée dans une tour, tisse éternellement une tapisserie. Une malédiction lui interdit de regarder le monde réel par sa fenêtre. Mais elle contemple cette réalité qui lui est interdite grâce à un miroir."(...) Quatre murailles solitaires, et quatre tours meurtrières, Surplombent un spacieux parterre De fleurs délétères; Cet îlot silencieux empierre La Dame de Shalott (...) C’est là-haut dans sa tour Qu’elle tisse nuit et jour Une toile magique aux couleurs flamboyantes. Quelqu’un lui a soufflé Qu’elle est perdue si jamais Elle descend vers Camelot. Elle ne sait d’où vient ce maléfice, Aussi, continûment, elle tisse, Et n’a d’autre souci que de tisser, La Dame de Shallot" Son désespoir allait grandissant lorsqu'elle observait des couples amoureux enlacés au loin. Nuit et jour, elle se languissait d'un retour à la normalité."(...) Mais elle aime à tisser, tristement, dans sa toile Ces visions féeriques que son Miroir dévoile, Car bien souvent, dans la nuit solitaire, Un convoi funéraire, Escorté de panaches, et de lumières, Et de musique amère, S’en allait vers Camelot. Et là, sous la Lune pleine, Venaient languir deux jeunes mariés : "Comme je suis lasse des ombres", dit-elle Un jour, apercevant le reflet de Lancelot (qu'elle aimait profondément mais qui n'avait d'yeux que pour Guenièvre) passer devant le miroir, la Dame se mit à l'épier directement, ce qui déclencha la malédiction."(...) Elle quitte son voile, quitte son siège, Fait quatre longs pas dans la pièce; Voit le lys d’eau qui croît, Et le casque empenné aussi voit : Elle tourne l’œil vers Camelot. Vole le voile, et flotte en l’air; Brise miroir d’aile en aile; " Me voici perdue", gémit-elle La Dame de Shalott" Durant la tempête automnale qui se produisit alors, la Dame embarqua dans un bateau sur la proue duquel elle inscrivit «La Dame de Shalott», emportant avec elle sa précieuse tapisserie. Sentant sa vie s'en aller en tentant de briser sa malédiction, elle chante son désespoir en naviguant vers Camelot et vers une mort certaine."(...) Ce soir Elle descendit et trouva un esquif Sous un saule, laissé seul, à la dérive... Puis, Autour de la proue, elle inscrivit ces lignes : « La Dame de Shalott » (...) Couchée, dans sa robe d’albâtre Qui de çà, de là, autour d’elle folâtre Des feuilles légères sur sa joue blanchâtre, Tombant parfois - en cette nuit aux mille échos, Elle flotta, doucement, vers Camelot. Et comme l’esquif allait longeant Ces verts coteaux plantés de saules, Où dorment les champs, Là, dit-on, elle chanta Son dernier chant,
Son corps glacé fut retrouvé peu après sur les berges du Royaume par les dames et chevaliers de Camelot dont Lancelot, qui prièrent ensuite pour le repos de son âme. La tapisserie qu'elle avait tissée durant toute sa captivité recouvrait un des bords de son embarcation."(...) Sous les tourelles, et les balcons fleuris, À côté des jardins et des galeries, Flottait cette ombre diaphane, Morte au milieu des maisons, si pâle Et silencieuse dans Camelot... Puis ils sont sortis sur les quais, Dame et seigneur, bourgeois et chevalier, Et là, sur la proue, ont déchiffré : La Dame de Shalott
Qui donc est-ce ? Mais qu’arrive-t-il ? Lors tout près, dans le palais illuminé, Meurt l’écho de la gaieté; Et tous, effrayés, de se signer, Les chevaliers de Camelot; Mais Lancelot se fraie un passage, Il dit : "Quelle beauté en son visage; Puisse Dieu lui accorder sa grâce, La Dame de Shalott
- Poème d'Alfred Tennyson, version de 1842.:
Partie I
De chaque côté de la rivière s'étendent De longs champs d'orge et de seigle, Qui couvrent les plateaux et rejoignent le ciel; Et à travers les champs la route mène Au très imposant Camelot; Et les gens vont et viennent, Regardant où poussent les lis Autour d'une île là en bas, L'île de Shalott.
Les saules blanchissent, les trembles frissonnent, Les brises légères s'assombrissent et tremblent A travers l'onde qui passe pour toujours Près de l'île dans la rivière Coulant vers Camelot. Quatre murs gris et quatre tours grises S'ouvrent sur un espace de fleurs, Et l'île silencieuse garde dans sa chaumière La Dame de Shalott.
Contre la rive drapée de saules Glissent les lourdes barges, halées Par de lents chevaux; et, librement, Le canot à la voile de soie file, Il rase l'eau vers Camelot : Mais qui l'a vue agiter la main ? Ou qui l'a vue à sa fenêtre ? Ou est-elle connue de tous, La Dame de Shalott ?
Seuls les moissonneurs, fauchant de bonne heure Une partie de l'orge produit, Entendent une chanson qui résonne joyeusement De la rivière serpentant clairement, Vers l'imposant Camelot : Et près de la lune le moissonneur épuisé, Entassant les bottes de céréales sur les hauteurs dégagées, Ecoutant, murmure : « C'est la fée La Dame de Shalott. »
Partie II
Là, elle tisse de nuit et de jour Un tissu magique aux couleurs éclatantes. Elle a entendu une rumeur dire Qu'une malédiction s'abattrait sur elle si elle restait A regarder en bas vers Camelot. Elle ne sait pas ce que peut être la malédiction, Et alors elle tisse encore plus, Et pense rarement à autre chose, La Dame de Shalott.
Et passant devant un miroir clair Qui est accroché devant elle toute l'année, Les arbres du monde apparaissent. Elle y voit le grand chemin à proximité Descendant vers Camelot; Là, la rivière écume et tourbillonne, Et là, un village maussade bougonne, Et les capes rouges des filles du marché, Reviennent de Shalott.
Parfois un groupe de joyeuses demoiselles, Un abbé sur un vieux cheval amblant, Parfois un jeune berger frisé, Ou un page aux cheveux longs, tout d'écarlate vêtu, Passent, en route vers l'imposant Camelot; Et parfois à travers le miroir bleu Les chevaliers vont à cheval deux par deux : Elle n'a pas de loyal et fidèle chevalier, La Dame de Shalott.
Mais dans son tissu elle se réjouit quand même De tisser les spectacles magiques de son miroir, Car souvent durant les nuits silencieuses Des funérailles avec parades, lumières Et musique, allaient à Camelot; Ou quand la lune était au-dessus, Deux jeunes amoureux venaient se marier; « Je suis à moitié malade d'ombres » dit La Dame de Shalott.
Partie III
Un bref salut des bords de sa chaumière, Il chevaucha entre les gerbes d'orge, Le soleil vint, éblouissant à travers les feuilles, Et s'enflamma sur les guêtres cuivrées Du brave Messire Lancelot. Un chevalier à la croix rouge pour toujours agenouillé Vers un dame, dans son bouclier Qui scintillait sur le champ jaune, Près de la lointaine Shalott.
La bride ornée de gemmes scintillait librement, Comme quelque constellation, comme on en voit Accrochée à la Galaxie dorée. Les clochettes de la bride tintaient gaiement, Alors qu'il chevauchait vers Camelot : Et, accroché à ses couleurs, Pendait une puissante corne d'argent, Et quand il chevauchait son armure sonnait, Près de la lointaine Shalott.
Sous un ciel bleu sans nuage Brillaient les joyaux de la selle, Le casque et le panache Flamboyaient à l'unisson telle une même flamme, Alors qu'il chevauchait vers Camelot. Comme souvent dans la nuit pourpre, Sous les bouquets d'étoiles brillantes, Quelque météore barbu, au sillage lumineux, Passe sur la calme Shalott.
Son large front clair rayonnait sous le soleil, Sur ses sabots vernis son cheval avançait; De dessous son casque fleurissaient Ses boucles noires lorsqu'il chevauchait, Alors qu'il chevauchait vers Camelot. De la berge et de la rivière Il entra comme un éclair dans le miroir de cristal, « Tirra Lirra » près de la rivière Chanta Messire Lancelot.
Elle laissa son tissu, elle laissa son métier à tisser, Elle fit trois pas à travers la pièce, Elle vit la fleur de nénuphar, Elle vit le casque et le panache, Elle regarda vers Camelot. Le tissu s'envola et partit au loin; Le miroir se brisa de part en part; « La malédiction vient sur moi » cria La Dame de Shalott.
Partie IV
Dans le vent d'est orageux et accablant, Les bois jaune pâle blêmissaient, Le vaste ruisseau entre ses berges gémissait, Le ciel bas tombait à verse Sur l'imposant Camelot. Elle descendit et trouva une barque Laissée à l'eau au-dessous du saule, Et à l'angle de la proue elle écrivit La Dame de Shalott.
Et au bas de l'étendue vague de la rivière Comme quelque brave devin en transe, Comprenant tout-à-fait son propre malheur, Avec une mine terne A-t-elle regardé Camelot. Et à la fin du jour Elle desserra la chaîne et s'allongea; Le courant l'emporta au loin, La Dame de Shalott.
Etendue dans sa robe de neige Ample, qui flottait de part et d'autre Les feuilles la recouvraient doucement A travers les murmures de la nuit Elle dérivait vers Camelot : Et comme l'étrave serpentait entre Les collines boisées de saules et parmi les champs, On l'entendit chanter son dernier chant, La Dame de Shalott.
On entendit une chanson, mélancolique, sacrée, Chantée fortement, chantée doucement, Jusqu'à ce que son sang fût lentement glacé, Et que ses yeux fussent complètement voilés, Tournés vers l'imposant Camelot; Car avant qu'elle atteignit avec le courant La première maison au bord de l'eau, Pour y chanter sa chanson, elle mourut, La Dame de Shalott.
Sous la tour et le balcon, Près du mur du jardin et de la galerie, En une forme brillante elle flottait, Entre les hautes maisons, Muette dans Camelot. Dehors sur les quais ils arrivèrent, Chevaliers et bourgeois, seigneur et dame, Et autour de la proue ils lirent son nom, La Dame de Shalott.
Qui est-ce ? Et qu'est-ce ici ? Et tout près dans le palais éclairé Mourut le son de l'acclamation royale; Et ils se signèrent de peur, Tous les chevaliers à Camelot; Mais Lancelot la contempla un instant. Il dit : « Elle a un beau visage; Dieu dans sa miséricorde garde sa grâce, La Dame de Shalott. »
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