Le Datura
¤Petit tour d'horizon rapide¤Le Datura stramoine est une plante d'Amérique, d'Europe, d'Asie et d'Afrique du Nord. On récolte ses feuilles en été et ses fruits au début de l'automne quand les capsules éclatent. A l'instar de sa cousine la Belladone, le Datura pousse sur des terrains incultes, ou bien sur des terres fraichement retournées où il est considéré comme une mauvaise herbe.
C'est une plante hallucinatoire, autrefois utilisée à Delphes ainsi que par les Indiens d'Amérique du Sud pour provoquer des visions, ainsi que, paradoxalement, pour soigner la folie.
La stramoine qu'il contient a de nombreuses vertus médicinales, entre autre celles de soigner la toux, l'asthme, les spasmes musculaires en particulier ceux dérivés de la maladie de Parkinson. Il est en outre employé comme sédatif.
En usage externe, l'huile de Datura apaise les muscles douloureux
Maintenant que j'ai brossé ce petit portrait flatteur, venons-en aux choses sérieuses.
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Si j'avais considéré jusque là la Belladone comme le poison par excellence, c'était parce que la toxicité du Datura m'avait échappée. Le Datura stramoine qui orne certains jardins est en effet la plante la plus toxique parmi les solanacées. La mort qu'il provoque est indolore et peut survenir de manière bien plus fréquente que ce que l'on pourrait croire. On cite notamment des intoxications chez des jardiniers qui auraient fait brûlé cette plante après l'avoir arrachée afin d'en débarrasser leur terre (intoxication par inhalation des fumées), du miel fait par des abeilles ayant butiné dans des Daturas...
Historiquement, on rapporte qu'au XVIIIe siècle un cuisinier de l'armée américaine aurait incorporé des feuilles de Datura dans une salade servie à des soldats, rendant ceux-ci complètement fous.
Il est probable que la ciguë de Socrate ait été allongée avec du Datura, dans la mesure où les témoins ont rapporté qu'au moment de sa mort Socrate était très calme, ce qui ne se serait pas passé de cette manière si la ciguë avait été prise pure.
Strabon rapporte que les Celtes employaient le Datura pour empoisonner la pointe de leurs flèches.
Depuis le XVIe siècle, il est courant que des individus mal intentionnés fassent fumer à des passants un peu naïfs des cigarettes coupées avec du Datura qui plongent la victime dans un profond sommeil, avant de se réveiller complètement détroussée. Les cigarettes de datura font en outre partie de la trousse de survie du toxicomane.
Concernant les symptômes, ils se manifestent de la manière suivante:
Tout comme la Belladone, on a d'abord une sécheresse buccale, puis une dilatation des pupilles sous l'effet de l'atropine, et un effet de tachycardie (jusqu'à 120 battements par minute). Là où cela change, c'est que si la Belladone occasionne des spasmes violents et de délires furieux, le Datura au contraire fait lentement sombrer le sujet dans le coma.
Suite à la tachycardie, le sujet manifeste une grande faiblesse musculaire, au point de ne plus pouvoir se tenir debout. Il est alors atteint d'hallucinations visuelles et auditives, ne reconnait plus ses proches, ne se repère plus dans l'espace, cherche à saisir des objets que lui seul peut voir. Ces hallucinations n'ont rien d'agréable et s'apparentent bien souvent à des angoisses cauchemardesques. Son visage se congestionne, sa parole devient incohérente, et la mort survient rapidement après le coma, avant même que le sujet ait été pris en charge médicalement.
Le Datura est un des rares poisons que je connaisse qui produise une mort aussi "douce", dans la mesure où la majorité des autres poisons entrainent des troubles gastriques violents et une mort assez terrible.
En cas d'empoisonnement, aucun antidote ne peut faire patienter jusqu'à l'hospitalisation, elle doit avoir lieu dans les plus brefs délais, avec à la clé lavage d'estomac et réhydratation. Chez l'adulte, la dose toxique est de 5mg, la dose létale de 10mg.
Lorsque l'on en réchappe, on est atteint d'une amnésie totale ou partielle de l'épisode. La confusion mentale et les hallucinations peuvent perdurer plusieurs jours.
(Sources: Wiki, M. Absinthe, Larousse des plantes médicinales)